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Création et interprétation
Stéphane Rotenberg Aurélie Rousselet
Conception et création des masques
Fleur Lemercier assistée de Margot Bonnet
Regard extérieur, direction
Juliette Wierzbicki
Avec la complicité de
Jean-Claude Cotillard
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Tracas nous plonge dans le quotidien d’un couple de bovins. C’est un duo de théâtre physique qui cherche dans la légèreté et la brutalité du présent à échapper aux mécanismes de la routine.
Cette forme organique explore les tensions qui animent les rapports domestiques pris entre tendresse et cruauté. Le taureau, figure de l’animalité et de la sauvagerie incarne cette forme d’entêtement qui régit nos routines : il s’acharne sur l’autre, puis tombe, rit, et recommence. Le quotidien est fait de ces répétitions douces et violentes auxquelles ce couple consent comme s’il vivait ensemble depuis des siècles.
Ils se toisent et se cherchent autour de tracas quotidiens, et iront jusqu’aux langages imaginaires, aux portés expressifs et aux évocations sacrificielles pour trouver dans l’entraide une sortie à leur routine. Ils sont deux minotaures qui cherchent à s’enfuir gaiement de leur labyrinthe intérieur. Par la précision de la répétition, les gestes à première vue anecdotiques prennent la valeur symbolique du rituel.
Note de recherche
Ce duo est né en juillet 2019, à la première Académie des Arts du Mime et du Geste, pendant la semaine de création sous la direction de Jean-Claude Cotillard, résultant d’un travail d’un mois avec les différents intervenants de l’Académie
Le choix d’une forme de théâtre physique engageant fortement les corps, sans parole, s’est imposé très tôt dans le travail. Le désir de départ était d’explorer le rapport à l’autre en puisant dans différents outils techniques tels que le mime corporel dramatique, le burlesque, la danse-théâtre et le masque, qui s’est présenté plus tard dans le travail.
Comme pour les autres créations de la compagnie, nous tenons à notre ligne artistique : Théâtre, Corps et Musique. Dans Tracas, notre travail est axé autour de la musicalité : musicalité du mouvement, travail de la voix (sans texte) et gestes percussifs. Dans un langage brut, des gestes précis et rythmés s’enchaînent menant à des portés expressifs et explosifs.
Derrière le choix du masque total, celui des têtes de taureau et de vache, il y a la volonté de revisiter la figure du monstre mythologique et de créer un Minotaure contemporain, perdu dans son quotidien.
Le travail du masque et des costumes est un travail sur le décalage : décalage entre l’animal sauvage représenté par le masque, et le costume qui rappelle les habits de ville et le monde domestique. Le masque en lui-même est à enfiler comme un casque, et fabriqué à partir de matériaux bruts, de mousse, de fourrure et de crins.
Ce choix du décalage implique le travail d’un corps hybride expressif, qui exécute, se meut et s’émeut jusqu’à prendre le relais de la pensée. Remettre du corps là où il a tendance à disparaître : dans le dédale de nos habitudes. C’est dans ce prisme du corps que nous questionnons le rapport à l’autre et notre relation au présent. Nous cherchons une organicité du mouvement dans laquelle des éclats – corporels, émotionnels– peuvent surgir, nous surprendre et nous bousculer. Commence alors une nouvelle rencontre qui permet de redécouvrir l’autre, le voir, enfin.
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